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Des milliers de tonnes de sperme de saumon (ou laitance) sont jetées chaque année par l'industrie piscicole japonaise. Un gâchis si l'on en croit des chercheurs de l'université de Tokyo, qui proposent d'utiliser la précieuse semence disponible à un prix modique pour recycler les terres rares, aussi appelées lanthanides.

Utilisées dans un grand nombre de produits de consommation courante - des smartphones en passant par les batteries rechargeables, les aimants ou les ampoules basse consommation - la demande en terres rares a explosée ces dix dernières années, atteignant110.000 tonnes en 2013. Or, leur extraction reste laborieuse, et la Chine - qui possède le quasi-monopole de leur production - a longtemps imposé des quotas d'exportation (avant de les lever, en janvier 2015, suite à un arbitrage de l'OMC, l'organisation mondiale du commerce). Pour subvenir aux besoins de l'industrie high-tech, les espoirs se tournent donc vers le recyclage des lanthanides, qui ne dépasse pas 2% aujourd'hui.

BON RESULTATS. Actuellement, les techniques de recyclage des terres rares à partir de circuits électroniques par exemple impliquent leur broyage, leur dissolution en solution acide puis leur extraction à l'aide de composés chimiques présentant une forte affinité avec ces éléments. Pour améliorer ce procédé, les chercheurs japonais proposent l'utilisation de laitance de saumon lyophilisée, une poudre riche en ADN dont les groupements phosphates se lient facilement à de nombreux métaux dont les terres rares. Celle-ci est mélangée à une solution contenant des lanthanides, qui s'y fixent puis sont récupérées par traitement acide et centrifugation.

"Cette méthode permet d'extraire 80% des terres rares du milieu, un bon résultat", nous affirme Jean-Claude Bünzli, spécialiste des ces métaux à l'École polytechnique fédérale de Lausanne (Suisse), qui n'a pas participé à l'étude. "Par contre, elle n'offre pas une séparation efficace des éléments entre eux, un point pourtant essentiel si l'on veut pouvoir les réutiliser ensuite dans l'industrie."

ENVIRONNEMENT. Selon les chercheurs japonais, l'emploi de laitance de saumon, un produit naturel, permet au procédé d'extraction d'être plus respectueux de l'environnement. "Malheureusement cette technique ne permet pas de supprimer l'étape initiale de dissolution à l'aide d'un acide fort", déplore Jean-Claude Bünzli.

L'avenir des batteries de smartphones passe-t-il par le sperme des saumons ?
Tag(s) : #énergie stockage
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