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Centrale d'énergie thermique des mers (ETM) devant être installée à terre à la Martinique, Nautilus sera complémentaire de la centrale ETM offshore Nemo, déjà prévue pour alimenter l’île en énergie d’ici quatre ans. Cette deuxième unité permettra la mise en valeur de toutes les vertus de l’ETM en couplant à la production d'électricité « des solutions de climatisation, de production d'eau douce ou d'aquaculture », grâce à la valorisation de l’eau froide des profondeurs.

Après le projet de centrale offshore d'énergie thermique des mers (ETM) Nemo, qui doit alimenter en électricité d’ici quatre ans 35 000 foyers, la Martinique va également bénéficier d’une centrale ETM à terre avec une deuxième unité baptisée Nautilus. Tous deux développés par le producteur français d’énergie renouvelable Akuo Energy et le groupeDCNS (ex-Direction des chantiers navals), ces projets sont en fait complémentaires pour aider l’île à atteindre son autonomie énergétique.

Développer l'aquaculture, la climatisation et la production d'eau douce grâce à l'énergie thermique des mers

De petite puissance, 4,5 MW selon Akuo Energy (contre 10,7 MW pour Nemo), la deuxième centrale ETM de la Martinique « permettra de coupler à la production d'électricité des solutions de climatisation, de production d'eau douce ou d'aquaculture, en valorisant l'eau froide des profondeurs », annoncent les responsables. Dit autrement, quand Nemo exploitera le potentiel de production électrique de l’énergie thermique des mers, Nautilus exploitera ses autres vertus.

En effet, technologie de rupture apte à être développée dans toute la zone chaude intertropicale de la planète, l’énergie thermique des mers, en exploitant le différentiel de température entre les eaux chaudes de surface et les eaux froides des fonds marins, pompe ces eaux.

Or, premier point, il s’avère que les eaux des profondeurs océaniques sont riches en nutriments et peuvent ainsi être également exploitées pour l’aquaculture. L’ETM possède en quelque sorte la capacité de recréer le phénomène naturel de remontée à la surface de courants d’eau froide (upwelling) qui, en entrant en contact avec la luminosité du soleil, favorise les explosions de planctons (blooms planctoniques) qui sont eux-mêmes à la base de la chaîne alimentaire marine.

Deuxième point : avec une température de l’ordre de 4°C, les eaux froides pompées par l’énergie thermique des mers peuvent logiquement servir, dans les régions chaudes de la zone intertropicale, à alimenter tout au long de l’année des réseaux de climatisation. Cela existe du reste déjà, par exemple dans certains hôtels de luxe en Polynésie.

Enfin, le processus de fabrication de l’énergie thermique des mers nécessite la vaporisation de l’eau qui va donc se séparer du sel qu’elle contient. Lors de la condensation qui suit, on peut ainsi récupérer de l’eau douce. Ce qui n’est pas le moindre des avantages dans des régions qui peuvent souffrir d’un manque d’eau.

L’énergie thermique des mers représente un marché global de 35 milliards d’euros et concerne une centaine de pays

“Le potentiel de l’ETM est considérable. C’est une énergie propre, renouvelable et non intermittente. Si l’on considère seulement la zone intertropicale, elle pourrait couvrir les besoins électriques de 600 millions d’habitants, ” a commenté le président d’Akuo Energy, Eric Scotto, à l’occasion de la signature, fin 2014 à Brest, sous le parrainage du Premier ministre Manuel Valls, de l’accord de partenariat pour la construction de cette centrale. Cet accord rassemble Akuo Energy, DCNS et Entrepose, une filiale de Vinci notamment spécialisée dans la mise en œuvre de conduites et de prises d’eau de mer par très grandes profondeurs.

« Grâce à leur complémentarité, Akuo Energy, développeur de projet dans les énergies marines renouvelables, DCNS, fournisseur de la technologie et le groupe Entrepose, en charge de l’ingénierie et de la réalisation des travaux maritimes, vont pouvoir maitriser les compétences nécessaires à l’émergence d’une filière française d’excellence industrielle de l’ETM », espèrent les responsables.

Il est prévu qu’ « au stade commercial, le développement de cette filière industrielle entrainera la création de plusieurs centaines d’emplois pérennes en France métropolitaine et dans les outre-mer. Les compétences développées en France seront un socle solide pour les futurs projets à l’international. L’énergie thermique des mers représente un marché global de 35 milliards d’euros et concerne une centaine de pays aux enjeux et besoins énergétiques très différents », toujours selon eux.

Le projet Nautilus pourrait être inscrit dans la prochaine programmation pluriannuelle de l’énergie de la Martinique

DCNS a déjà mis en œuvre un prototype de centrale ETM à terre à l’île de la Réunion, sur le site de l’Université de Saint-Pierre. « Les projets Nautilus et Nemo, que nous allons mener ensemble en Martinique, vont nous permettre de qualifier les deux technologies ETM que DCNS a développées et qui pourront à terme bénéficier à l’ensemble des régions tropicales maritimes non connectées aux réseaux continentaux. C’est aussi l’occasion pour la France de préparer la montée en compétences des différents acteurs industriels pour développer une filière d’excellence qui pourra s’exporter », a indiqué le président directeur général de DCNS, Hervé Guillou.

« Je souhaite que le gouvernement évalue le financement nécessaire à ce projet créateur d’emplois. Il doit y avoir une juste expertise des coûts et des bénéfices, pour définir à quelles conditions il pourrait être inscrit dans la prochaine programmation pluriannuelle de l’énergie de la Martinique », a quant à lui annoncé le Premier ministre.

Akuo Energy est le premier producteur français indépendant d’électricité générée exclusivement à partir d’énergies renouvelables. Présent sur l’ensemble de la chaîne de valeur -développement, financement, construction et exploitation- Akuo Energy avait investi à la fin novembre 2014 1,6 milliards d’euros pour une capacité totale de 527MW d’actifs en service et en construction. Avec plus de 170 collaborateurs, le Groupe, dont le siège social est à Paris, a des filiales dans 8 pays dans le monde : Etats-Unis, Uruguay, Indonésie, Turquie, Pologne, Croatie, Dubaï et Luxembourg. Akuo Energy vise une capacité de production globale de 3 000 MW d’ici à 5 ans.

Concepteur et réalisateur de sous-marins et navires, le groupe DCNS développe également des technologies maritimes en lien notamment avec les énergies marines renouvelables, en particulier l’énergie thermique des mers, l’énergie hydrolienne, l’éolien flottant et l’énergie des vagues. DCNS a l'objectif “d’installer d'ici 2030 environ 25 centrales pour 10 zones prioritaires identifiées, soit une puissance comprise entre 450 et 650 MW”.

Nautilus, nouveau projet de centrale ETM en Martinique
Tag(s) : #Energie marine
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